La palette, outil logistique utilisé dans tous les secteurs industriels pour la manutention, le transport et le stockage de marchandises est produite chaque année à plus de cinquante millions d’exemplaires en France et plus de 250 millions de palettes sont en circulation en France.
Indispensable à l’activité économique de tout pays industrialisé, la palette est cependant méconnue, voire ignorée. Inconnue du grand public, elle conserve pour les professionnels de la logistique un caractère d’objet banal.
Combien coûte une palette ?
Question intéressante : si le prix d’achat est facile à connaître, qu’en est-il du coût réel ? Comment estimer le coût global de cet outil de manutention tout au long de sa vie ou encore comment évaluer le budget à consacrer à la palette dans l’entreprise ?
Cette question, qui devrait logiquement être un élément clé préalable à toute prise de décision est souvent éludée par certains industriels.
Il faut cependant remarquer que depuis une dizaine d’année, le paysage a largement évolué.
Si à la fin des années 1990, l’organisation professionnelle de la palette « SYPAL » peinait à convaincre les utilisateurs de palettes en expliquant que « l’achat de palettes à très bas prix peut donner aux acheteurs l’illusion de faire des économies mais cela n’est pas vérifié si l’on considère les coûts cachés induits par l’achat de palettes non adaptées, » il n’en est plus de même aujourd’hui.
En effet, en l’espace d’une dizaine d’années le marché a assisté au développement de sociétés spécialisées dans la location de palettes ou dans la gestion de parcs de palettes ainsi que le développement de systèmes d’échanges soumis à un contrôle qualité strict.
Les possibilités offertes aux utilisateurs de palettes sont actuellement :
Acheter des palettes neuves ou d’occasion
Constituer son propre parc de palettes dont on assure la traçabilité, la gestion, le transport à vide et la réparation.
Acheter des palettes dont les dimensions sont normalisées, facilitant ainsi la revente ou l’échange.
Acheter un « service »
Le mot service évoque immédiatement la location. Le principe est simple en théorie : le loueur fournit, à un point de livraison, des palettes qui devront être restituées par le client après utilisation à un autre endroit.
D’autres formes de services existent qui diffèrent de la location par l’identité du propriétaire de la palette.
Dans certains cas, l’industriel propriétaire de ses propres palettes en confie la gestion à un prestataire qui assure la gestion du parc : fourniture, transport, récupération, reconditionnement, réparation, remise à disposition.
Dans d’autres cas, le prestataire, adossé à un système d’échange (palette Europe, palettes CP, palettes VMF) se chargera de gérer un parc dont les palettes ne seront plus identifiées comme appartenant à un propriétaire, mais à un « système ». Selon un cahier des charges établi par l’organisme en charge du système, le prestataire se chargera de procéder aux échanges et au repositionnement des palettes en passant par les services de prestataires agréés pour la réparation. Dans ce cas la palette changera de propriétaire au fil du temps. Elle sera remplacée par une palette identique selon des règles établies par un cahier des charges.
Il n’existe pas de réponse parfaite et unique à la question palettes. Selon les cas telle ou telle solution sera mieux adaptée. Chaque cas devra faire l’objet d’une étude particulière.
L’achat de palettes neuves « sur mesures »
Nous nous intéresserons maintenant au cas des entreprises qui décident d’acheter leurs propres palettes, et en particulier aux entreprises qui font le choix d’acheter des palettes non normalisées. Ce choix peut être justifié, par exemple par des dimensions spécifiques des charges à transporter ou encore pas le faible poids de la charge.
Si la plupart des industriels ont maintenant une image assez claire de la situation, un nombre important lors de l’achat de palettes neuves ou d’occasion, néglige encore parfois de prendre en compte quelques principes qui évitent bien des problèmes potentiels.
En effet, l’achat d’une palette à bas prix peut avoir des conséquences économiques désagréables, le prix bas étant en général obtenu au détriment de la qualité de la fabrication. Ainsi les conséquences peuvent être :
– des ralentissements ou des arrêts de production dus à des palettes aux géométries imparfaites,
– une moindre durabilité,
– des dommages subis par les produits placés sur des palettes non adaptées à la manipulation de ces charges,
– le coût des litiges entre producteurs et clients suite aux dommages subis,
des accidents occasionnés au personnel manipulant des palettes,
– une image dévalorisante des productions et de l’entreprise auprès des clients,
l’accumulation de déchets de palettes dont le coût d’élimination imposé par les législations environnementales s’accroît.
Comme pour la plupart des outils et machines, la palette « sur mesures » doit faire l’objet d’une étude qui aboutira à un cahier des charges basé sur une analyse fonctionnelle et une spécification du besoins.
La spécification du besoin
On prendra en considération en particulier les éléments suivants :
Caractéristiques d’utilisation
– le nombre de rotations de la palette et nombre moyen de manutentions par rotation,
– le type et le poids des charges stockées sur la palette,
– l’appartenance à un pool ou à un circuit aux caractéristiques bien établies,
– la destination finale de l’emballage de manutention (cycle de réutilisation…).
Questions concernant la manipulation :
– par quels équipements les palettes vont-elles être manutentionnées? convoyeurs ? chariots ? transpalettes ? Ces équipements sont-ils parfaitement adaptés ?
– Est-il besoin d’une palette à 2 ou 4 entrées ?
– quelle doit être la dimension de la palette pour optimiser le volume de stockage et de transport ?
– comment les palettes seront-elles stockées, (combien de palettes en gerbage, type et dimensions des racks ?)
– la flexion des planchers va-t-elle gêner les engins de stockage et de manutention ?
– pour les palettes multirotations les circuits de réutilisation sont-ils ou non identiques ?
Pour mémoire :
Un pourcentage important des dommages causés aux produits transportés provient d’un dimensionnement inadapté des palettes employées. Un bon plan de chargement assurant la stabilité de la charge permet d’éviter les dommages et les accidents. En outre, la dégradation des parcs de palettes dépend beaucoup des pratiques des personnels de manutention dont la formation doit être organisée et suivie.
Respect de la réglementation
Enfin, le donneur d’ordre devra respecter les exigences réglementaires relatives aux emballages, car la palette, bien qu’étant un outil de manutention est placée par la réglementation dans la catégorie des « emballage de transport »). Cette réglementation recouvre plusieurs aspects tels que la gestion des déchets d’emballages, les obligations de marquage, les exigences nationales et internationales en matière phytosanitaire et environnementale.
Les spécifications techniques
Une fois spécifié le besoin, la spécification technique fixent les conditions de réalisation du type de palette désiré.
Pour les palettes standard il sera fait référence aux normes en vigueur par exemple :
– Les normes NF/EN 13 698-1 pour les palettes de dimensions 800 x 1200 mm et NF/EN 13 698-2 pour les palettes 1000 x 1200 mm ;
– les fiches UIC de la série 435 pour les palette gérées par l’Union Internationale des Chemins de fer (UIC) ;
– la réglementation technique EPAL pour les palettes Europe du parc géré par la la European Pallet Association (EPAL) ;
– les cahiers des charges respectifs des palettes VMF, CP, GALIA … ;
– les spécifications particulières pour les parcs personnalisés …
Pour les palettes hors standard (sur mesures), la spécification technique finalise les choix résultant d’un dialogue approfondi entre le donneur d’ordre et le fabricant. Au cours du processus d’élaboration des spécifications techniques sont prises successivement en considération la spécification de besoin initiale, les différentes solutions proposées par le fabricant, élaborées à partir de ses bases de données techniques et de son savoir faire, les données de coût acceptables par les deux parties.
Pour les palettes multirotations, un chapitre de la spécification technique traitera des conditions de réparabilité.
Il est essentiel que la spécification technique de la palette soit clairement fixée par écrit et précise en particulier :
– le nombre, la qualité et les dimensions de tous les composants,
– les exigences de réalisation des assemblages,
– les exigences de marquage (charge, fabricant, …)
– la nature et le type d’un éventuel traitements du bois utilisé en conformité avec la législation.
S’adresser à un professionnel.
Il appartient à l’acheteur de vérifier que son fournisseur de palettes est réellement un professionnel disposant d’une part des capacités humaines et matérielles permettant la réalisation des palettes conformément aux spécifications et d’autre part de l’organisation assurant contrôle de la qualité.
Un fournisseur sera présumé « professionnel » s’il possède les moyens ci-dessous et respecte les règles suivantes
– logiciel de conception de palettes,
– gabarits de montage régulièrement contrôlés.
– autorisation du ministère de l’agriculture de traiter et marquer les palettes conformément à la norme phytosanitaire NIMP 15.
– connaissance et application des normes relatives à la qualité des composants (bois, pointes) et des assemblages.
– usinage des composants conforme à la spécification du produit,
– respect des cotes nominales pour une humidité de bois convenue à l’avance.
– connaissance par l’opérateur du plan et des spécifications d’assemblage,
– exigence d’un « plan de contrôle »
– pratique correcte du clouage :
o clouage dans le « fil du bois » évité le plus systématiquement,
o emploi de pointes dont les diamètres des corps et têtes sont suffisants,
o respect du plan de clouage selon les règles de l’art rappelées dans le manuel qualité ECO-BOIS (chapitre fabrication).
– Par ailleurs, la possession d’une licence de marque EPAL est indispensable pour un fournisseur de palettes Europe. Les titulaires d’une telle licence sont soumis à un contrôle permanent de la qualité exercé par la société Bureau Veritas. La possession de la licence EPAL est un indice supplémentaire de professionnalisme, comme l’adhésion à l’association QUALIPAL.
La sécurité
Sujet majeur de préoccupation dans les entreprises, la sécurité est assurée par le respect de règles telles que :
– l’utilisation correcte de la palette : une palette est faite pour un usage spécifique et peut présenter des risques pour un autre,
– l’adéquation de la palette avec son utilisation : une palette « étudiée » est la seule qui puisse garantir la sécurité des biens et des personnes,
– la formation du personnel et le respect des règles : toujours manutentionner une palette avec soins.